Lundi 6 juillet, 9h50, 866 mots au compteur. Et le plus dur était fait. Le plus dur ? Savoir comment agencer l’intrigue ? Connaître la psychologie des personnages à fond ? Maîtriser l’imparfait du subjonctif du verbe sachasser ? (déconseillé, ce temps). Non, pire que ça. Le plus dur : c’est vaincre sa peur d’écrire. Aussi appelée la Résistance.
La veille, j’avais regardé mon carnet et je me disais : « Bon, ben ça y est, mon plan est fait. J’ai la trame, j’ai les épisodes, j’ai la découpe des chapitres. J’ai les persos, les lieux, peut mieux faire, ça ira pour commencer. Les recherches c’est en cours. Faut se lancer maintenant…«
Sauf que le lendemain matin à 8h, plus personne ! La trouille. Je me suis dit « Waow. C’est ça alors ? Ça existe donc vraiment, la peur d’écrire ? » Je savais quoi écrire, comment, etc. J’avais tout ce qu’il me fallait. Juste, il fallait s’asseoir, ouvrir le fichier et taper les mots. Ben, à la place : le stress !
Je me suis dit (je me parle beaucoup à moi-même dans ma tête, ça vous le fait, à vous aussi ?) : « Ah non, hein (avec l’accent liégeois que j’ai récupéré), ça va pas le faire, pas le premier jour (attendu impatiemment). Je ne vais pas partir en courant après tout le temps et l’énergie (et les sous mis dans la masterclass) investis jusqu’ici !«
Bon, pas de panique. Ça va passer. Ça doit passer.
J’ai choisi un programme de méditation de 10 minutes. Ensuite, décidée d’avancer ce matin, j’ai fait comme si je n’avais pas peur. Je me suis forcée à ne pas trop réfléchir et je me suis lancée.
Alors, c’est l’histoire de Machine qui est truc, et qui fait…
Et ça a marché, j’étais lancée. Je suis ce soir à 28 750 mots.
Passer à l’étape suivante
Mai : super cool, j’ai eu le déclic, écrire est important, tout ça.
Juin : ok, j’ai besoin d’une histoire. Donc trouver une idée, donc la développer, apprendre quelques ficelles, en avant. Je suis tombée sur la masterclass de Fais en un livre. Ça tombait à pic, juste ce qu’il me fallait pour écrire un premier jet en juillet et le peaufiner jusque fin d’année. Relecture et envisager la publication l’an prochain. Ça roule.
Mais, ce ne serait pas plutôt moi qui tourne autour du pot ? Planifier, préparer, toussa toussa. Et là, on passe à la case : Rédaction du premier jet.
À « J’écris un livre pour de vrai« . Et pas du remplissage. Et pas du « Je joue à écrire un roman comme si j’y étais« .
Là, je me suis dit « Mais qu’est-ce que je suis venue faire dans cette galère« .
Je sais que je peux taper 500 mots en un pomodoro. 2 000 mots, je les ai fait, tranquillou (normalement) en une matinée. Mais la scène écrite n’a rien à voir avec ce qui était prévu. Le texte, c’est euh, du gloubiboulga.
J’ai écrit une scène hors plan, avec mon personnage en retard à sa soirée d’anniversaire, bloquée chez elle par un coup de déprime. Elle finit pas y aller, on croise son éditeur qui la clouera au piloris dans le texte suivant. Ça c’est plus ou moins dans les clous. Mais le reste, ce sera coupé direct à la relecture.
Il est où, l’élan créateur d’il y a un mois ? L’idée glorieuse et lumineuse « J’ai eu le déclic, je vais écrire un livre pour de vrai en juillet« … Tous au abri, courage fuyons, oui ! Plus personne !
On suit le plan
Enfin si. Il y avait mes dix doigts à qui mon cerveau a lu le post-it laissé pour lui la veille dans le carnet : « Ingrid a dit que vous devez taper 2 000 mots sur ce qui est écrit dans le bloc-note de la scène, à droite dans Scrivener.«
J’étais là, en mode automatique, et à 8h 20, j’étais à mon ordi comme tous les matins depuis avril. Ouuuuf. Bienheureuse et salvatrice routine !! Sans ça, c’est sûr : je me dégonflais.
Après la méditation, pour me rassurer encore un peu, j’ai regardé la vidéo d’Élodie sur le premier jet. Ok, longueurs, style, on verra après. Questions à se poser, ça je note dans les petites fiches de Scrivener, l’ami du writer. Et… je m’y mets.
182, 258, 106,… J’ai écrit d’après la trame. Dans les clous. Si c’est pas bon, je jetterai. Mais je reste dans les clous. Tant pis, ça sera sans doute beauuucoup plus dur que je ne le pensais. Mais j’ai dit à la terre entière que j’écrirai en juillet le premier jet, que je réécrirai ensuite pour avoir un texte fin d’année. Alors je tiens.
Je me le suis promis. Tous les jours, je viendrai, et j’écrirai 2000 mots. Et je vais écrire l’histoire au plus près de ce que j’ai prévu. J’accueillerai évidemment les rebondissements et bonnes trouvailles potentielles. Mais j’écrirai l’histoire qui correspond à mon pitch « Un écrivain en perte de vitesse retrouve l’inspiration en observant un quidam à une terrasse – celui-ci se trouve être exactement ce qu’elle a imaginé, et déclencher une catastrophe.«
En suivant l’enjeu défini et dans le délai imparti.
Et tout en publiant les 2 billets hebdomadaires prévus sur le blog.
Donc, au diable, la résistance. Le « mais je fiche quoi là ??« . Je ne me pose pas de question. J’y vais. Je ne sais pas où, mais j’y vais. Et il ne faut pas être en retard.
Et vous, comment avance votre Camp Nano ? Est-ce que vous aussi, passer à l’écriture vous flanque la trouille parfois ?
Photo mise en avant : Evgeni Tcherkasski on Unsplash
Bon courage ! C’est sûr que de passer a l´ecriture après une grosse phase de préparation peut faire peur… Moi aussi, ça m´arrive d’avoir peur. En ce moment, je suis en train de faire le deuil de la deadline que en m’etais fixée, car je sens que ça commence à devenir contreproductif… Ça fait mal, moi aussi j’avais annoncé à la terre entière que je terminerai une bonne fois pour toutes mon roman pour août, mais bon, parfois vaut mieux ravaler son ego et s’écouter. Que d’equilibres a trouver !
Merci de ta visite et de ton commentaire ^^
C’est tout à fait ça! Un équilibre à trouver.
Que ce soit pour se lancer, réévaluer la situation ou modifier ce qui était prévu, notre cerveau est très doué pour trouver des résistances à nous opposer. Quitte à préférer rester sur un déséquilibre.
Bon courage pour la finalisation de ton roman. Je suis sûre que tu vas trouver le bon compromis.